Comment je suis devenu super-héros

[phebuscockerMembre des Thunderbolts]

Après avoir vu le film (non sans défauts mais avec certaines circonstances atténuantes) j'étais curieux de découvrir le roman d'origine. Encore plus après avoir lu la bio de l'auteur. En effet Gerald Bronner est avant tout un sociologue multi-récompensé. Lorsque l'on jete un oeil à sa bibliographie (l'empire des croyances, la Pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, la démocratie des crédules...) on se demande un peu ce que vient faire cette histoire de super-héros ici.

A partir de là je vais spoiler des éléments du film et du roman pour établir une comparaison. Rien de trop méchant concernant le roman mais beaucoup plus sur le film.

Dans le roman on suit Titan, super-slip quadra pouvant modifier la masse de ce qu'il touche. Il a rejoint la police suite à un concours de l'état visant à intégrer ces héros dans la société. Ses collègues ignorent son identité. Il rend régulièrement visite à Monté Carlo, ex-partenaire occasionnel, atteint de la maladie de Parkinson. Ils se remémorent leur grande époque, quand il y avait encore Gigaman parmi eux. Ils ont l'habitude de suivre le classement des super-héros les plus populaire. Et voilà les seuls éléments communs ! Même pas puisque son identité est tout autre dans le film. Tout le côté copshow a été créé pour le film ! Sa relation avec le commissaire, la nouvelle collègue...

Pareil pour le perso de Leila Bekhti inventé de toute pièce pour apporter une touche féminine. Du méchant gangster. Là on à affaire à plusieurs meurtres de mecs à pouvoirs par celui que la presse va surnommer le Vampire de New-York. Car oui tout se passe à New-York. Dans un univers ou les super-héros que l'on connait existent et sont régulièrement mentionnés. Et... ça ne fonctionne pas pour moi. Il n'y a pas d'interactions avec eux (sans doute une question de droit) et si c'est sympa de lire que Daredevil protège Hell's Kitchen pourquoi le n°1 immuable du top, la légende vivante, l'homme irréprochable présent depuis la seconde guerre mondiale c'est... Colonel USA ? Simplement parce qu'il a une scène dans le roman ?
Désolé mais ça ne fonctionne pas. Ou tu places ton perso dans un univers de comics pré-existant ou tu en décris un ersatz peuplé de Colonel USA et des 4 Incroyables... D'autant que tous ceux avec qui il interagit, héros comme vilains, sont créés pour le roman.

Quitte à évoquer les défauts je vais commencer par le principal : l'écriture. Le roman se la joue Watchmen en entrecoupant ses chapitres d'extraits diverses (journaux, émissions tv et radio) qui prendront peu à peu tout leur sens. Ok ça ne me dérange pas. Par contre j'ai beaucoup de mal avec la mise en forme des dialogues. Dans la très grande majorité des cas au lieu de faire simplement quelque chose dans ce style

_Tu es là depuis longtemps ?
_Non pas trop
_Tu aurais pu me prévenir

On à droit à : il m'a demandé si j'étais là depuis longtemps je lui ai dit non pas trop alors il m'a répondu que j'aurais pu le prévenir... Je trouve ça très chiant à lire. La forme est très lourde, surtout quand un échange de ce genre va prendre une page ou deux.

Là ou le roman est beaucoup plus intéressant c'est quand il s'intéresse à notre personnage. Sa découverte de ses pouvoirs, sa façon de le vivre, les secrets permanents tout en voulant mener une vie "normale", sa dépression, le regard des autres... Comment il vit la perte de son mentor Gigaman (rien à voir avec le film encore une fois). Il peut se permettre plus d'introspection que ce que l'on peut lire habituellement dans un comics.
La question du racisme et de la représentation des noirs dans le monde des super-héros est également évoqué en prenant comme point de départ un fait divers bien réel.
De la même façon à travers son héros il analyse des persos comme un petit nouveau ultra populaire auprès du public... alors que toutes ses interventions finissent en bain de sang. Ou comment à une époque il y avait quelques marginaux qui bénéficiaient d'une certaine popularité mais que désormais les gens sont devenus friands d'ultra-violence si bien que l'on ne sait plus toujours qui est le héros et qui est le méchant...

Au final c'est une petite curiosité. La forme est, pour moi, assez rebutante mais le fond pose un regard intéressant sur la figure du super-héros.

[WisdomMajestrix Suprême Omniverselle]

Merci pour cette review comparative, cher Phébus, c'était intéressant...
Si je n'avais pas entendu parler du film, et si j'étais tombé sur le roman avant, je l'aurais sûrement lu... Et il est probable que j'aurais émis des critiques similaires... Le coup du dialogue là, c'est le genre de truc qui me fait rouler des yeux à m'en filer la migraine...

Ça m'étonne pas pour Leïla... Son rôle était un peu off j'ai trouvé... :?

[phebuscockerMembre des Thunderbolts]

C'est voulu par rapport au ton accordé au perso qui en est le narrateur : c'est loin d'être une lumière, il parle de manière familière et ce procédé est une façon d'insister là dessus... Pourquoi pas ? Mais en vrai j'ai rarement été aussi gêné par la forme adoptée.

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