La Mort intranquille : Autopsie du zombie (PUL, 2019)

[Mister BAdmin-Man]

Cet ouvrage québécois s'inscrit dans le sillage des très sérieuses "études zombiesques"(les Zombie Studies) qui ont éclot dans les universités d'Amérique du Nord. Des études dont le présent ouvrage restitue le caractère transdisciplinaire, puisque elles touchent à la fois à la littérature, au cinéma, à la philosophie, à la psychologie et à la sociologie. Je suis tombé dessus pour préparer un vrai faux projet de documentaire sur l'histoire des films de zombies dans le cadre d'un cours, donc je n'ai lu que les parties qui avaient traits à mon sujet, reste que c'était fort instructif.

Le livre prend la forme d'un recueil d'articles consacrés à plusieurs thèmes : le zombie dans l'imaginaire occidental à travers le cinéma, la sexualité du zombie à travers Cell de Stephen King, la portée du zombie dans le jeu vidéo, la question de l'éthique scientifique à travers une étude de cas du film Resident Evil (si j'avais pu imaginer qu'un jour Paul W.S. Anderson serait étudié dans les facs... ) ), mais aussi une analyse sur le mouvement du zombie à travers le cas de [.Rec]. De ces textes, ressort la volonté de montrer combien le zombie fait écho avec notre société, combien ce mythe, évolutif par essence, est sans cesse nourri par nos propres craintes. Les zombies comme "allégorie du moment"en quelque sorte. Parmi ces craintes, celle de la mort, puisque l'apparition du zombie contemporain coïncide avec un moment qui voit en Occident la mort de plus en plus exclue de l'espace public, presque rendue tabou.

J'ai un petit faible pour le premier article, "Des morts qui marchent parmi les ruines du temps"qui revient sur les origines du zombie post-Romero, le seul mythe horrifique proprement américain, pourtant issu à la fois du folklore haïtien, mais aussi d'un imaginaire sécularisé de l'apocalypse chrétienne. A cette aune, l'auteur interprète la mode du zombie des années 2000-2010 (ouverte par des films comme 28 jours plus tard) comme une redite à l'âge de la science et de l'atôme, de la vieille crainte millénariste propre à nos sociétés occidentales.

Je n'en dirai pas davantage pour ne pas éventer toute la saveur de ce petit ouvrage qui offre une vision assez originale de nos chers morts-vivants mangeurs de chair.