Shadowland

Shadowland lu.

Ah ! Shadowland ! Ma première véritable approche de l’univers Daredevil. J’ai toujours eu beaucoup de mal à me lancer dans ce personnage, mais les critiques si positives sur les runs précédents, Bendis, Brubaker, même si les derniers épisodes de ce dernier ne faisaient pas l’unanimité. 2010 marque la fin de l’ère Dark Reign, de Norman Osborn et de deux grands event. Siege avec toutes les grosses stars de l’écurie Marvel et Shadowland, avec les héros plus underground, plus urbains. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de me laisser tenter par l’appel de Daredevil à ce moment là, grave erreur…

Après avoir repris le contrôle de la Main, Daredevil tente de convertir la ligue d'assassins ninjas en une force de sécurité. Mais après son retour du Japon, Matt Murdock lui-même a changé. Se substituant à la police, il dirige désormais Hell's Kitchen d'une main de fer. Spider-Man, Wolverine, Luke Cage et Iron Fist n'ont alors pas le choix et doivent affronter leur ancien ami.
(Contient : Shadowland #1-5, Daredevil (1964) #508-512, Shadowland: After the Fall #1)

Au départ de cette saga, Daredevil n’a pas grand-chose à voir avec le héros que nous connaissons dans l’actuelle, et géniale, série de Mark Waid, dans les récits cultes de Frank Miller ou dans l’excellente série de Netflix. Non, ce Daredevil porte un costume noir et se retrouve à la tête de la Main ! Désireux d’utiliser les ninjas pour maintenir l’ordre…. (Mais bien sûr !) Il va même jusqu’à construire une citadelle, Shadowland, au cœur de son quartier fétiche.

Mais le problème est que notre héros va toujours plus loin dans la répression, dans la protection. Hell’s Kitchen devient un quartier sous loi martiale. Si les délinquants sont terrorisés par ce nouveau Daredevil, les péquins lambda le sont tout autant ! Il n’en faut pas plus pour les proches du héros, de l’ancien héros (Luke Cage, Iron Fist ou encore Spider-Man, et d’autres moins justifiés comme Shang Shi, Moon Knight, Misty Knight, hormis qu’ils soient, eux aussi, des personnages « urbains ») pour venir aux nouvelles. Ils devront finalement se décider à agir et à arrêter leur ami lorsque ce dernier va tuer Bullseye, son meilleur ennemi !

Moi qui m’enthousiasmais à tomber sur un titre réaliste, sombre et violent, je me retrouve avec un grand n’importe quoi, édulcoré et navrant. Daredevil est vraiment maltraité par Andy Diggle, le scénariste faisant n’importe quoi avec le personnage. On se retrouve avec un Daredevil vide, creux, se nourrissant de violence et complètement parano. Si le héros est un habitué du pétage de câbles, celui-ci est complètement loufoque, mal écrit, ridicule et surtout se voit affublé d’une explication absolument savoureuse dans son absurdité ! Et ne parlons pas que nous sommes au sortir de Civil War et qu’il est étrange de voir un héros agir de la sorte sans voir intervenir les Avengers.

Ce Shadowland débouchera sur un départ de Daredevil qui, s’il est dédouané des récents événements (quelle excuse bidon de Diggle), ne pourra cependant pas vivre avec tout cela sur la conscience. Laissant le rôle de protecteur d’Hell’s Kitchen à T’Challa, encore une grande idée, mais cela est une autre histoire.

Bref, comme souvent Marvel flingue un de ces personnages. Si pour moi, novice à l’époque, Shadowland n’est qu’une très, très mauvaise histoire, une idée absurde, pour les fans assidus du Diable de Hell’s Kitchen cela a du être très difficile à vivre ! Heureusement, cet épisode narrativement dramatique ne m’aura pas écœuré du personnage, me laissant aller à suivre l’excellente série de Waid, à m’enchanter avec le run mémorable de Miller et en me préparant à plonger dans ceux de Bendis et Brubaker. Il y a d’excellentes choses dans l’univers de Daredevil, Shadowland n’en fait absolument pas parti…